Couturiers
Pour les grands couturiers
La femme est un objet
Qu’ils rendent désirable.
Ce n’est pas sans raison
Que le mot « mannequin »
Sert à « l’être » et « la chose ».
Une fronce, un volant,
Un soupçon de dentelle,
Deux pinces à la taille,
Un col en capeline,
Un peu de mousseline
Et la belle est parée.
À partir d’un dessin
En trois coups de crayon
La silhouette est tracée.
Par un enchantement,
De la métamorphose,
Il naît un papillon.
Le Maître est assisté
De ses petites mains,
Il leur confie le soin
De sublimer la robe
Par une broderie,
Une fleur, Un ruban.
Il ne restera plus
Pour achever le tout
Que l’éclat d’un bijou
Et la touche finale,
D’un parfum capiteux
Porteur de souvenirs.
À quelques exceptions
Ces Merlin du ciseau
Créateurs de génie
Qui habillent les femmes
Ne seront pas de ceux
Qui les dévêtiront.
Et comme il faut écrire
Une chute au poème,
Je n’ai pas trouvé mieux
Qu’une chute de rein.
Pierre SELOS